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  • Réac, atrabilaire, mais non sans expérience le justifiant. Sens de l'humour permanent, mais hélas sens de la réalité qui s'échappe de jour en jour. Par contre, même houleux, j'aime bien les échanges de point de vue. Et sur tous les sujets.
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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 11:50







(Notre-Dame de Paris ; inachevée) Jean-Luc
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4 août 2008 1 04 /08 /août /2008 00:00

Chroniques cérébrales


Apporter du raffinement à ses qualités ne sert à rien !

En effet, car la moindre parcelle, le moindre indice ou fossile de vos défauts détruiront toujours instantanément l’édifice du parfait, ou encore même celui du presque parfait dont vous tentiez d’offrir naïvement à votre entourage.

Aussi, notez, non moins en marge de cela - et sans pour autant vous en effrayer-, que le pardon n’est pas une compétence humaine reconnue.

Observez alors que, dans les deux sens, et de toutes parts d'ailleurs, l'incontournable sentence d'autrui mal estimera et punira vos efforts, eux condamnés à rester vains.

Et, qu'il nous plaise d'espérer la gloire, sa nature n'en demeure pas moins munie de peu de lendemains !

                                                               ~ ~ ~

Si vous avez la faculté de vous engager aussi facilement dans une multitude d’entreprises connues ou inconnues sans en mesurer les difficultés, ce n’est pas parce que vous êtes et demeurez irréfléchis ou inconscients, mais c’est assurément parce que vous vous acharnez à ne connaître et reconnaître que le mot ou la notion du " bien " comme non représentatifs, ni d’une entité mise à l’écart, ni d’une légion dominante, mais d’une évidence sans contraire. Malheureusement, vous n’arrivez pas toujours à le traduire comme il se doit autour de vous, au moment où pourtant cela devient nécessaire.

Peut-être devons-nous voir ici l'une des causes de l'inertie générale ?

                                                                  ~ ~ ~

Les légendes tendent à devenir éternelles, mais l’éternité n’est pas une légende. Notre place s’y trouve ; c’est incontestable, mais, je vous en supplie, cessez de vous y vautrer sans légende.

                                                                    ~ ~ ~

 Il n’y a pas de bon ou de mauvais droit, ni de cause à défendre, pas plus d’ailleurs que de paix à défendre… Il n’y a que de la lionnerie ici bas !

Personne ne vit, tout le monde se bataille, et la place que nous occupons sur terre n’est encore qu’une dérision. Hélas, personne d’entre nous ne se contente de respirer ; chacun désire plus que cela !

C’est pour cette raison, ce souci de rester neutre, qu’il y a toujours eu quelque chose de mort au fond de moi, et ceci dès la naissance !

Malheureusement, je ne peux l’inhumer…

                                                                      ~ ~ ~

Les mères, elles ne pensent que par nécessité et n’agissent que dans la singularité, elles ne voient que la sécurité dans l’enfant qu’elles ont couvé, mais elles demeurent, dans leur vulgarité, peut-être une belle image de l’éternité.

                                                                     ~ ~ ~

Si Satan est un individualiste, il ne peut, en aucun cas, agir à l’encontre de sa marginalité. Cependant, il demeure universel ; universel parce que détenteur d’une mission universelle…

Ce qu’il y a d’étonnant dans l’analyse de son existence et de ses œuvres, c’est la quantité incroyable de ses victimes autant que celle de ses complices. Enfin, pour l’instant, je ne peux pas en dire plus ; je ne connais pas ce monsieur…

                                                                      ~ ~ ~

La raison est l’étreinte de notre nature, et elle s’en délecte

ignoblement ; c’est une épidémie incurable, et plus encore, elle à même trouvé l’indélicatesse d’inventer et de marginaliser l’irraison.

                                                                        ~ ~ ~

 

 L’audace n’est hélas parfois d’aucune utilité. Enfin, je n’en suis pas personnellement convaincu, mais si j’en juge les dires d’une certaine majorité, à l’heure où notre pays, notre monde, se démunit de son originalité, il m’apparaît que le choix des armes devient de plus en plus restreint. La faiblesse obtient également de moins en moins de crédit, et, toujours sans s’en inquiéter, l'on s’accorde volontiers une lamentable, perpétuelle et défectueuse paresse d’esprit.

Pour cela donc, je dois considérer l’audace comme une bonne pratique.

                                                               ~ ~ ~

Je ne sais plus à quelle époque précise j’ai pu rencontrer la beauté, mais ce que je peux affirmer, c’est d’être entièrement voué à son service depuis.

Un seul écart me ferait inévitablement sombrer dans l’avarie la plus exécrable, voire quasi impardonnable.

                                                                 ~ ~ ~

Le temps qui passe, ou davantage celui qui a passé, celui qui s’est écoulé depuis l’action, diminue l’intensité de cette action, la marque qu’elle a laissé : sa production. Peu à peu, le temps qui passe anéantit les sentiments, leur puissance et leur richesse…

Le temps disperse le souvenir ; il conserve la fâcheuse tendance à nous offrir que l’expérience. Heureusement, il existe le génie de la mémoire qui tente, chez certains plus que chez d’autres, à révéler la valeur du plaisir ou du déplaisir d’autrefois. Cela constitue une autre faculté : une partie de l’intelligence, à mes yeux. Peut-être l’une des sources de l’art et de la création en général.

                                                                  ~ ~ ~

 Le gain et la puanteur sont liés, tout comme l’homme et le bouc sont frères. Dans ce dernier cas, je crois bien que j’y perdrais inévitablement ma vie à vouloir leur trouver des excuses !

                           ~ ~ ~

Ma vie reste le témoignage idéal de cet imparfait qui, guidé par le hasard, s’abat sur certaines personnes, les asphyxiant ainsi tout au long de leur pénible existence. Hélas, s’en débarrasser ne constitue pas la préoccupation de tout le monde.

Pour ma part, je tenterais volontiers un exorcisme, ne serait-ce que pour éviter les reproches !

Attention !…, tout n’est pas qu’illusion spontanée.

                                                                 ~ ~ ~

 

Les absolus les plus souvent atteints restent ceux de la grossièreté, de la vanité, de l’outrecuidance et de la hargne. La cause, c’est qu’ils sont généralement innés et sans effort, ni même réellement souhaités. Après ce constat, il faut rester très attentif, car l’absolutisme constitue des légions dangereuses.

                                                                   ~ ~ ~

C’est uniquement et misérablement parce que l’illusion n’est faite que de charmes qu’elle garde toujours les premiers avantages sur la sagesse.   Néanmoins, celle-ci emporte inévitablement la victoire, mais hélas ne détient aucun pouvoir, aucune influence sur le passé. Trop souvent, ses attributs ne laissent que l’amertume de l’expérience.

Là, ne commettons pas l’erreur d’ignorer le présent ; c’est lui qui s’approche le plus de la réussite.

                                                                    ~ ~ ~

Si certains hommes ne pouvaient toucher les choses avec leurs mains, ils ne connaîtraient rien de l’amour. Alors, on se demande parfois s’il était vraiment indispensable d’encombrer ces pauvres bêtes d’un esprit inutile et superflu dans ce cas-là.

                                                                  ~ ~ ~

Nous recherchons tous à modifier, plus ou moins, notre milieu, notre confort. Ceci à travers nos relations, entre autre.

Il faut noter que nous sommes trop souvent en présence d’un besoin d’apparence.

Il est vrai que l’apparence d’un milieu donne une satisfaction à l’individu, autant d’un point de vue extérieur que d’un point de vue personnel. Il s’agit alors d’un acquis, mais l’accomplissement de cette pseudo transaction, c’est justement son terme ; par extension la fin dudit accomplissement, donc la fin de tout épanouissement. Ici, je prends note qu’il serait bon de ne jamais rien modifier.

                                                                 ~ ~ ~

La femme reste toujours très attentive sur ce que vous n’avez jamais fait pour elle. En revanche, elle l’est beaucoup moins sur ce que vous lui avez donné.

Là où cela devient grotesque, c’est lorsqu’elle vous quitte, lorsqu’elle a décidé de vous remplacer. Là, elle demeure volontairement et totalement aveugle sur ce dont vous êtes capable de faire encore pour elle. Pour moi, c’est le mot encore qui désigne et contient le plus de tristesse dans toute cette infernale mathématique.

                                                                   ~ ~ ~

Pour réaliser son évolution, l’homme n’a pas de pire ennemi que lui-même.

S’il s’attachait à parfaire son état, il ne trouverait pas d’obstacle plus ingrat que lui-même. Qu’est-il alors possible de faire pour cette pauvre bête ?

                                                                    ~ ~ ~

La peur, la haine et la stupidité n’ont pas d’âge. Elles n’ont besoin d’aucune expérience particulière, et, malheureusement, elles demeurent trop souvent instinctives.

                                                                    ~ ~ ~

 Aimer doit probablement être un sentiment, une action à temps perdu. Quoiqu’il arrive, nous vieillissons tout de même. Je parle ici du chemin inévitable de la décrépitude physique, bien entendu. D’ailleurs, dès la naissance, nous commençons à devenir

laids… ; processus inévitable !

Tôt au tard, ratatinés, ridés, puant l’inutile vécu, même accompagnés, nous ne sommes plus aimés. Alors, l’épouvante, c’est le temps !

Plaire reste éphémère, et cela le monde le sait, tout comme il sait que l’amour ni peut rien.

                                                                    ~ ~ ~

La seule vraie méchanceté du vide, c’est celle de susciter le désir de le remplir.

C’est la perte de temps par excellence. Epouser un homme de paille reste une forme identique de ce non-agir ; c’est à dire qu’elle conduit dans le vide.

                                                                    ~ ~ ~

La plupart des gens qui aiment leur métier, c’est qu’ils s’aiment eux-mêmes.

Là, si j’ai du mal à apprécier cet adage, je reste cependant dans l’obligation de pardonner puisqu’il s’agit d’un état naturel. À mes yeux, l’exemple qui se rapproche le plus de la peine de mort, c’est celui de l’individu qui exige des autres ce qu’il a toujours fait semblant de connaître. C’est un peu comme une femme de cent trente kilos qui donnerait des conseils d’amaigrissement à une autre femme juste un peu plus forte.

                                                                         ~ ~ ~

 Le savoir-faire suscite autant de jalousie que la maladresse s’accompagne de commentaires. Ce qui explique pourquoi la compétence recherche en général la discrétion quand la médiocrité s’accroît. Le pire des théâtres de ce constat désolant, c’est celui de la civilisation moderne. Dans cette dernière, royaume de la démagogie, être nul n’est plus une tare, être insipide se transforme en vertu, et de s'alarmer de cela deviendra un jour prohibé.

PS : Veuillez m’excuser ! En parlant de royaume, j’ai omis de mentionner le roi ; rappelons qu’il s’agit de « N’importe quoi ».

                                                                        ~ ~ ~

L’inspiration est une vague incontrôlable que nous sollicitons, certes de notre seule volonté, mais qui ne s’évanouit uniquement de son bon vouloir.

Heureusement d’ailleurs, sinon nous ne pourrions plus distinguer les génies parmi les imbéciles.

                                                                    ~ ~ ~

Vouer la majorité de son temps à la réalisation du concret m’apparaît être une noble décision, somme toute. Encore faut-il parfaitement définir le concret, et ne pas s’attacher de trop à la notion qu’il représente. En d’autres termes, évitons de nous attribuer des compétences en vertu de notre simple maîtrise du vocabulaire.

Nous savons tous qu’il est plus facile de disserter sur le travail à faire que de se mettre réellement à l’ouvrage. C’est pour l’ensemble de ces raisons que je m’interdis, en général, la critique sur l’œuvre des autres.

                                                                   ~ ~ ~

 

 Depuis des siècles, certains hommes ont lutté afin d’obtenir un maximum de liberté pour tous ; beaucoup d’entre eux même y ont perdu leur vie ! Cette cause commune, cette quête légitime reste noble et toujours d’actualité. Elle tend à offrir à chacun les moyens de pouvoir évoluer sereinement entre le temporel et ledit spirituel. Hélas, aujourd’hui, l’homme moderne, bénéficiant du résultat des milles sacrifices de ses aïeux, s’est asphyxié dans l’opulence de ses droits, n’utilisant ces derniers que fort lamentablement au profit d’une perpétuelle autodéfense. Également, ses facultés de réflexion positive sont atrophiées par sa répugnante façon, sa détestable manière de s’uniformiser. D’ailleurs, il est incapable d’avoir son style propre ; seul son pouvoir de consommation se développe ! Voilà donc l’utilisation qu’il fait de cette fameuse liberté, si durement acquise par le passé, et il a encore même l’indélicatesse de se plaindre.

Quelle ingratitude ! Mais il y a pire que cela… : c’est le génie de l’homme moderne en matière de stupidité. Oui !… Le génie de restaurer l’esclavage, celui de l’incompétence, et aussi le génie d’avoir inventé à présent sa propre soumission.

                                                                   ~ ~ ~

Il y a des poètes et des écrivains que l’on affectionne comme s’ils étaient nous-mêmes ; disons l’une de nos intimités. Il y en a d’autres qu’il serait sage et prudent d’égorger avant qu’ils ne saisissent la plume. C’est ceux qui nous parlent de ce que nous ne voulons pas connaître, de ce que nous devons ignorer pour le maintien de notre mignardise, si ce n’est celui de notre salut.

                                                                      ~ ~ ~

 L’absence revêt plusieurs états. Ces premiers effets sont ceux de créer un vide, mais, malgré son aspect désagréable, le vide offre tout de même l’avantage d’y voir plus clair. Hélas, et je m’en console difficilement, l’absence ne dure pas ; du moins celle des autres.

Quant à votre absence, même temporaire, elle vous attribue inévitablement une quantité de griefs, tous plus ou moins assortis de comptes à rendre.

Seule l’absence définitive reste capable de générer des larmes et des regrets !

                                                                 ~ ~ ~

En aucun cas la création doit devenir une nourriture pour moi.

Je me contenterais volontiers de l’esprit de cette création, car c’est l’esprit du jeu, et je veux rester enfant, quoiqu’il arrive…

                                                                 ~ ~ ~

Dans la plupart des cas, l’homme accorde davantage son amitié aux faibles plutôt qu’à ceux capables de faire mieux que lui. Aucune importance puisque, dans quatre-vingt seize pour cent des situations constatées, l’homme reste toujours absent lorsque ses amis sont dans le besoin.

Notons ici un autre détail amusant : même si cela est faux, l’homme se dit aisément être l’ami de celui qu’il craint. Alors, compte tenu de l’ambiguïté de cette réalité, prenons garde !

L’amitié, tout comme l’amour du reste, n’est qu’un symbole, fragile de surcroît, aussi un édifice parfois, mais un édifice de cristal.

                                                                   ~ ~ ~

 La déficience n’a pas d’antidote ; elle se camoufle !

La calvitie, par exemple, ne peut s’endiguer que par l’usage d’une perruque. Un autre cas, lamentablement plus universel, est celui de la médiocrité. Pour cette dernière, il existe dix mille façons de la dissimuler. Aucun mal à comprendre cela, puisque la médiocrité est légion !

Par contre, ce qui est encore plus désolant, c’est que l’on a beau nous répéter depuis des siècles que " l’habit ne fait pas le moine ", nous nous obstinons cependant, et depuis le même temps, à reconnaître l’élégance comme une qualité primordiale. Admettons alors qu’il nous manque le sens de l’observation, et surtout celui de l’analyse…

Dieu, je vous le demande humblement, cessez vos expériences ; elles n’aboutiront jamais à rien, et refaite de nous les primates de base que nous aurions dû rester.

                                                              ~ ~ ~

La mort est notre unique ambition, mais il nous reste beaucoup à faire en ce sens : la réaliser à travers l’ignorance, la traduire malgré sa banalité, car celle que nous évitons, voire même que nous recherchons dans la crainte, a de son côté pour unique dessein celui de nous trouver.

                                                                 ~ ~ ~

Si par malchance vous franchissez le seuil du désespoir, dans cette infernale longueur temporelle dont vous avez connu les débuts, mais dont vous ne pouvez deviner la fin, essayez-vous alors à une expérience lamentable : restez inerte !

                                                                 ~ ~ ~

 

 Ce qui maintient l’individu proche du pseudo équilibre existentiel, c’est, pour une forte part, la pérennité de ses motivations.

Ce qui n’est hélas plus mon cas !

Maintenant, il ne faut pas trop sombrer dans l’illusion, à cet effet ;

il n’y a rien de plus fragile qu’une motivation !

Aussi, en majorité, nous sommes tous davantage plus aptes à devenir spectateur qu’autre chose.

C’est une question de compétences !…

                                                                ~ ~ ~

Le travail c’est comme l’alcool ; lorsque l’on y prend goût, on ne peut plus s’en passer. De qualité ou non, on finit un jour par en être saturé ; bon ou mauvais, on finit un jour par en vomir. Que nous décidions, ou que nous subissions cette grotesque et immuable réalité, dans tous les cas, nous en sommes prisonniers, et la victoire reste impossible.

                                                                   ~ ~ ~

Devenir capable de rester invulnérable aux pratiques dangereuses des rapports humains m’apparaît la difficulté la moins contrôlable dans l’espace du temps.

Ceci, parce que c’est peut-être le contraire de ce que nous croyons. C’est-à-dire que c’est le temps qui gère ces mêmes rapports. Dans tous les cas, l’insuccès reste odieux.

                                                                ~ ~ ~

Pour être connu ou reconnu, il faut pratiquer l’abus. De cela, inutile de s’en préoccuper, nous le faisons constamment et instinctivement, aussi la plupart du temps sans regret et sans la moindre humilité. Également, la différence entre nos bonnes et nos mauvaises actions, c’est que les premières ne sont pas les fruits de notre volonté directe, quant aux secondes, nous nous en satisfaisons toujours beaucoup trop. Pour ma part, compte tenu que la majorité de mes actions demeurent inachevées, je préconiserais l’abstention dans tous les cas.

C’est l’incontestable vertu !

                                                               ~ ~ ~

 

Chroniques cérébrales (2ème partie)

                                    

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4 août 2008 1 04 /08 /août /2008 00:00

                                                                                 Louis René


Espagne

 

Qu’il est triste ce pays

où le linge est décor,

Qu’elle est triste la ville,

où les héros sont morts.

 

 

Pleurent les veuves du pays.

Tremblent les enfants maudits.

Collés aux grilles des prisons,

ils chantent leur hymne de passion.

 

 

Qu’elles sont tristes ces femmes noires,

la nostalgie dans le regard.

Elles passent leur temps à pleurer

leurs maris qu’on a fusillé.

 

 

Qu’il est chaud ce désert

Le grand désert de la guerre.

Qu’il est froid cet enfer,

où tout n’est que misère.

 

 

Où sont tes joyaux d’antan

tes armadas et tes conquistadors ?

Regarde mourir tes partisans

Ecoute le soupir de tes morts.

 

 

Tes Don Quichotte ont disparu

laissant leur passé s’engloutir

Tu n’es plus qu’un enfant pieds nus

que l’écume a laissé mourir.

 

 

Un jour peut-être renaîtras-tu

Par-dessus ce chaos de misère

Un jour peut-être tu ne seras plus

Qu’un phare de détresse sur la mer

 

 

Où des milliers de fidèles pourront

panser tes plaies, sucer ton sang.

Et des milliers de bateaux viendront

Chercher l’étoile de ton firmament.

 

 

Un châtiment vengera ton cœur

Quand tes enfants seront des hommes

Le gaudillo fuira tremblant de peur

Tu renaîtras flambante d’une anémone.

 

 

Quand la trêve sera venue

Jailliront des pétales de roses

Et sur les murs de tes rues

On lira d’étranges choses.

 

 

En chœur tes morts sacrifiés

murmureront au fond de leurs tombes

Liberté, liberté, liberté,

existes-tu dans ce monde…

 

Jean-Luc

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3 août 2008 7 03 /08 /août /2008 11:47








Jean-Luc, 1986

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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 19:21

De l’argent et de sa puissante gestion sur les âmes.


Ici bas, seul l’air est gratuit. Sacrée veine !.., pour une fois que l’on évite le paiement de la T.V.A.

Chargé d’écus, même le crapaud mal vêtu, partout restera le bienvenu.

                      - On ne rôti pas une dinde qui pond des émeraudes.

Au début d’une fortune, ce qu’il ne faut oublier, c’est qu’elle aura une fin.

                        - L’avenir n’est que tourment d’opulent.

L’argent ne fut inventé que pour nuire aux idées.

                       - N’est que névrose honneur sans fortune.

Une conversation, si courte soit-elle, est la rencontre entre deux esprits, et, malgré que soit identique le langage, le reste peut tourner à l'agression systématique, et parfois trop souvent de nos jours, surtout lorsque le rapport est mêlé de pécuniarité.
                                                                                                        (Les vampires)



                              

- On n’égorge pas un âne qui chie du platine.

 


Laurent Lafargeas.
Poverbes et citations







 

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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 16:41
HISTOIRE DES AMOURS D’AYMERI POUR UNE FILLE FLEUR

Aymeri avait bientôt atteint l’âge de trente ans lorsqu’il arriva dans la vallée de Xantrie.
C’était un de ces hommes cosmopolites que l’histoire s’obstine à laisser dans l’oubli et que seule retiennent les postérités de la légende. Sans famille et sans patrie, il errait depuis longtemps de par le monde à la recherche de la sagesse et de la vérité. Il avait fréquenté, pendant longtemps, la cour de maints seigneurs et côtoyé les plus grands princes de la terre.
Mais, désormais, il s’était résolument éloigné des tourments de la vie mondaine et des conflits politiques qui déchiraient son époque. Il était fermement décidé à quitter la compagnie des hommes, et la vie fastueuse des châteaux, pour s’en aller à travers la campagne en quête de quelque port d’attache où il pourrait finalement déposer son fardeau, et se fixer définitivement pour terminer ses vieux jours dans le silence et le repos de l’âme.
Depuis longtemps, il avait vécu ainsi des poèmes qu’il composait et chantait dans les cours d’amour, et clamait ses éloges aux dames et demoiselles par tout le royaume. Longtemps il avait murmuré la beauté des châtelaines et la jeunesse de l’amour, mais jamais il n’avait rencontré lui-même la Dame de ses pensées. Persuadé que les chants qui ne viennent pas du cœur n’ont pas de valeur, il avait acquit une virtuosité dans les rimes, mais n’avait jamais trouvé la sincérité du sentiment qui aurait fait de lui un véritable fidèle d’amour.
Il considéra avec amertume qu’il n’avait jamais fait qu’imiter, avec des images symboliques apprises, les désirs et les désillusions des amants, mais il n’avait jamais connu le véritable amour. Aussi, avait-il fait ses adieux au monde.
Après des semaines de marche à travers les montagnes et les vallées, il s’était finalement assoupi auprès des ruines d’un ancien monastère, pour se protéger de la fraîcheur du soir qui tombait. Là, malgré la fatigue, il ne parvint pas à s’endormir et parla à son cœur :
« que vaut la vie sans les douces saveurs de l’amour, sinon un ennui comparable à la mort ?
Puisse le roi de l’univers ne jamais oublier mes prières au point de me voir tomber au rang de ces êtres privés à jamais de tout désir ».
Le mélancolique et sauvage mystère de la nature qui l’entourait, évoquait à cette heure dans son âme un monde occulte et troublant qui l’hallucinait peu à peu depuis les premiers temps de sa solitude.
Dans sa blanche toilette de nuit, la lune lui apparue silencieuse, scrutant toute la forêt de son œil large. En ses pâles rayons étaient inscrites toutes les mémoires de la terre et écloses les sempiternelles  légendes.
Il voyait défiler pêle-mêle devant lui tous les souvenirs de sa vie.
Aymeri connaissait bien l’astre de la nuit, mère des enchantements et des songes, protectrice filiale des créations, des rêves et du sommeil.
Fatigué, il lui adressa un sourire complice et s’endormit confiant.
Le lendemain matin à son réveil, il se trouva fort émerveillé du monde qui l’entourait.
Autour de lui le soleil dardait ses rayons sur une merveilleuse prairie où poussaient à profusion une multitude de camélia et de pivoine parmi d’autres fleurs de toutes sortes, qui atteignaient bien vingt pieds de haut et plusieurs empans de large.
C’était la saison des fleurs, et la colline où trônait encore majestueusement les anciens vestiges d’une abbaye, se transformait en un tapis éblouissant.
« Que cet endroit est calme et paisible », pensa-t-il.
Non loin de là, une rivière coulait limpide au pied de la colline, et cette vallée inviolée lui paraissait d’une impressionnante solitude.
Son foisonnement d’arbres et de fleurs, à perte de vue, créait sur lui un charme indescriptible.
Une source près de lui jaillissait miraculeusement des parois de la chapelle comme une fontaine aux fluidités immatérielles. Son eau limpide et claire paraissait se transformer en une pluie de perles et semblait avoir le pouvoir de procurer une éternelle jeunesse.
Il se réjouissait de cet endroit qui lui paraissait être des premiers âges du monde et être, ainsi, immaculé et comme préservé de la mort.
A travers le clapotis du mince filet d’eau, il lui semblait que cette source lui murmurait le langage sacré des origines. Enthousiasmé par l’étalage de tant de charmes, il lui vint l’idée qu’il pourrait s’installer à l’abri de ces ruines quelques temps pour y étudier en paix.
Un jour où il travaillait à reconstruire le toit d’une partie de l’édifice, il aperçut à travers la percée d’un mur, une jeune fille tout habillée de blanc qui se promenait parmi les fleurs. Un instant surpris de cette visite inattendue en ce lieu très loin de toutes présence humaine, il abandonna son travail et sortit pour la saluer. Mais le temps qu’il approche, elle avait disparue comme par magie. Par la suite, il la revit souvent se promener ainsi sur la colline, et il décida, pour mieux la regarder, de ne pas l’effaroucher comme la première fois, aussi de se cacher dans un buisson touffu, et de l’attendre.
Bientôt, en effet, il la vit apparaître, accompagnée cette fois-ci d’une autre jeune fille, tout habillée de rouge et qui, d’après ce qu’il put envisager, paraissait également d’une beauté peu commune. Elles s’approchèrent sans le voir, lorsque soudain la jeune fille en rouge sursauta, regarda tout autour d’elle et s’écria :
 Il y a un homme tout près d’ici !
Aymeri,  bondit de derrière le buisson et courut vers elles, mais effarouchées, elles prirent la fuite, leurs longues robes flottant derrière elles et laissant, dans leur sillage, une traînée de parfum.
Aymeri les poursuivit jusqu’au monastère vers lequel elles se dirigeaient. Lorsqu’elles furent arrivées devant le mur de l’enceinte, elles disparurent tout à coup. Désolé de les avoir ainsi perdues, il prit son couteau et grava sur un arbre les vers suivants :
 L’amour soudain a angoissé mon cœur
   Et je reste immobile près de ce mur
   Redoutant les effets maléfiques d’une puissance obscure
   Et personne ne vous protège, ni ne veille sur vous.
Puis il rentra chez lui, perdu dans ses pensées.
Soudain, il vit rentrer la jeune fille toute blanche, et il courut vers elle pour la saluer.
-  Je vous avais pris pour un bandit, dit-elle en souriant. Vous nous avez presque fait défaillir de peur. Je ne savais pas que vous étiez poète, et un poète de talent. Je suis venue dans l’espoir d’avoir l’honneur de faire votre connaissance.
Aymeri, troublé par cette apparition si inattendue, lui demanda son nom, d’où elle venait et ce qu’elle faisait là, et elle répondit :
Je m’appelle Blanchefleur et je viens de l’île d’Avalon.
Un prêtre sorcier m’a condamné à rester contre mon gré, ici, sur cette colline.
Dites-moi qui est cet homme, s’écria Aymeri, et je vous en délivrerai !
C’est inutile, interrompit la jeune fille, d’ailleurs je n’ai plus à me plaindre de lui, et cet endroit n’est pas à ce point déplaisant, puisqu’il m’a permis de rencontrer une personne aussi honorable que vous.
Aymeri alors lui demanda qui était la jeune fille en rouge, et elle lui expliqua qu’il s’agissait de sa demi-sœur, et qu’elle s’appelait Doux Soupir.
 Maintenant, ajouta-t-elle, permettez-moi de vous chanter un virelai que j’ai composé moi-même, et de grâce, ne vous moquez pas de moi :
En plaisante compagnie, les heures très vite s’envolent
Par la fenêtre, voila l’aube qui blanchit
L’hirondelle et sa compagne, côte à côte
Vivent ensemble et accomplissent leur destin.
Aymeri lui saisit la main en s’écria :
Beauté pour les yeux, esprit pour le cœur, vous avez tout pour qu’un homme, en vous voyant, oublie la mort, et qu’un seul jour de votre absence lui paraissent aussi long qu’une éternité. Je vous en prie, venez me voir chaque fois que vous le pourrez.
Depuis ce jour, la jeune fille prit l’habitude de venir chez lui à l’improviste, mais jamais elle n’amena sa sœur avec elle, en dépit des prières d’Aymeri.
Il pensa alors qu’elles étaient brouillées, mais Blanchefleur lui expliqua que sa sœur était d’un caractère farouche, et lui promit en même temps de la convaincre.
Or un soir, Blanchefleur arriva, le visage défait, et dit au jeune homme :
Vous désirez plus que le peu que vous avez, alors que ce peu, lui-même vous ne pouvez le garder. Car demain, nous serons séparés l’un de l’autre.
Aymeri lui demanda de s’expliquer, mais essuyant ses larmes, elle déclara et que tel était son destin et qu’elle ne pouvait rien lui dire de plus.
« Votre prophétie s’est réalisée, et maintenant me voilà réellement soumise aux effets maléfiques d’une puissance obscure, sans personne qui me protège ni ne veille sur moi. »
Aymeri la pressa de questions, mais se tu et bientôt se leva et lui fit ses adieux. Il ne parvenait pas à croire ce qu’elle lui avait dit.
Or, le lendemain, un étranger vint sur la colline. Il se promena longuement parmi les fleurs et sembla très attiré par un plant de pivoines blanches, qu’il déterra et emporta. Aymeri comprit alors que Blanchefleur était une fille fleur, une fée métamorphosée en fleur par le pouvoir d’un sort, et il comprit qu’il venait de la perdre.
Puis, il entendit dire que les pivoines une fois cueillies ne vivent que quelques jours, et il se sentit transpercé de douleur.
Il composa une élégie en cinq strophes, et, tous les jours, allait se recueillir à l’endroit d’où son aimée avait été arrachée, et arrosé la terre de ses larmes.
Un jour, il aperçut la jeune fille en rouge. Elle était agenouillée là où d’habitude il s’agenouillait, et son visage était inondé de pleurs. Dès qu’elle le vit, elle se détourna légèrement mais ne s’enfuit pas.
Aymeri la saisit par la manche, et mêla ses larmes aux siennes. Lorsqu’elle lui dit :
 Hélas, qui aurait pu penser que ma sœur me serait ainsi enlevée, si soudainement, et si tôt !
J’ai entendu vos soupirs et ils m’ont émus jusqu’au larmes. Tous ceux que vous avez perdus et qui vous ont été chers sont maintenant dans les régions obscures. Peut-être prendront-ils soin d’elle. Mais la mort détient les liens les plus forts et plus jamais nous ne l’entendront rire et parler comme avant.
Mon malheur est grand, répondit Aymeri, de devoir souffrir par l’absence d’un être aimé, car je sais que je ne verrai plus fleurir à mes côtés une beauté comparables à la sienne. Mais dites-moi quand je vous envoyais des messages par son intermédiaire, pourquoi n’êtes-vous jamais venu ?
 Sur dix hommes, j’en connaissais et en fuyais neuf, répondit-elle, mais vous, je ne vous connaissais pas.
Elle s’apprêta alors à prendre congé. Aymeri lui dit à quel point l’absence de Blanchefleur lui pesait, et la pria de revenir le voir aussi souvent qu’elle le pouvait. Mais pendant les jours qui suivirent, il ne la rencontra plus. Il sombra alors dans une mélancolie profonde, tournant et se retournant dans son lit et inondant l’oreiller de ses larmes. Une nuit enfin, il se leva, s’habilla, alluma la bougie, se munit d’encre et de papier et composa les vers suivants :
Les gouttes de la pluie crépusculaire tombent
Une à une sur le toit
J’ai tiré les rideaux et je me suis assis à la fenêtre
Mes regards sont vides et mon désir solitaire.
Il les relut tout haut, et lorsqu’il eut fini, une voix à l’extérieur lui répondit :
- Vous cherchez quelqu’un qui puisse apprécier vos vers ?
Il comprit que c’était Doux Soupir qui était revenue, alla ouvrir la porte et la laissa entrer. Elle s’approcha de la feuille, prit la plume, et se mit à improviser :
La chambre est vide, elle n’est pas là
        Une lampe solitaire perce l’obscurité
        Un homme seul est assis
        Son ombre lui tient lieu de compagne.
Aymeri lut ses mots et ses yeux s’embuèrent, puis, se tournant vers la jeune fille, il lui reprocha de l’avoir laissé seul.
« Je ne peux pas venir aussi souvent que ma sœur bien-aimée le faisait, répondit-elle, vous ne me verrez que de temps en temps lorsque vous vous sentirez triste et déprimé. »
Et ainsi, de temps en temps, elle vint lui tenir compagnie. Aymeri l’appelait son amie la plus chère car Blanchefleur restait pour lui son épouse bien-aimée.
Il essaya de savoir de quelle fleur elle venait car il voulait la déterrer et la ramener près de sa maison afin de lui épargner le sort qu’avait connu sa sœur.
-  La terre est très vielle, il ne faut pas la déranger, répondit-elle, et puis vous risquez d’attirer sur vous le malheur. Si vous n’avez pu retenir une épouse, comment espérez-vous retenir une amie ?
Mais Aymeri ne voulait pas l’écouter et, la prenant par le bras, l’entraînait dans le jardin, s’arrêtait devant chaque pivoine et lui demandait si c’était celle-là, ou celle-là, ou peut-être encore celle-là.
Mais Doux Soupir ne répondait rien, se cachait le visage dans ses mains et niait.
Au nouvel an, Aymeri quitta la colline et retourna dans sa famille. Une nuit, il rêva que Doux Soupir venait à lui, et lui disait qu’elle était en danger, le priant de venir le plus vite qu’il pouvait.
Lorsqu’il se réveilla, il se dit que ce rêve était bien étrange.
Il donna l’ordre de préparer les chevaux et parti le jour même.
Quand il arriva, il apprit que les moines de l’abbaye s’apprêtaient à construire une nouvelle aile à la chapelle, et, comme un plant de camélia poussait sur le terrain choisi, l’architecte avait demandé qu’on le coupe. Aymeri alors comprit le sens de son rêve et empêcha que la fleur ne soit détruite.
La nuit suivante, Doux Soupir vint le remercier. Aymery se mit à rire :
« Cela ne vous a pas servi à grand chose de refuser de me dire quelle fleur vous étiez. Maintenant je le sais, et si vous ne venez pas me rendre visite, j’allumerais un grand feu, et je vous rôtirais la pointe des feuilles ».
« C’est bien pour cela que je ne voulais rien vous dire », répliqua-t-elle.
Puis, il eut entre eux un long silence.
« Votre présence, qui m’est chère, a ravivé en moi le souvenir de mon épouse perdue. Voilà bien longtemps que je ne me suis plus incliné devant la place qui fut la sienne. Venez avec moi, nous mêlerons nos larmes et évoquerons son image ».
Ils allèrent donc à l’endroit où jadis poussait la fleur qu’ils avaient tant aimée, et, cote à cote, se recueillirent. Puis Doux Soupir, s’essuyant les yeux, lui dit qu’il fallait qu’elle s’en aille. Quelques temps passèrent. Un soir, tandis qu’Aymeri était assis chez lui, perdu dans ses pensées, il vit entrer Doux Soupir, le visage rayonnant.
« J’ai de bonnes nouvelles, s’écria-t-elle. Le dieu des fleurs, ému par nos larmes, a accordé à Blanchefleur le droit de revenir à la vie ! »
Une vague de bonheur l’inonda, et il demanda il fallait la revoir. Doux Soupir répondit qu’elle ne savait pas exactement, mais que se serait sans doute bientôt.
« C’est vous qui m’avez demandé de revenir, ajouta Aymeri, ne me laissez pas ainsi seul avec ma tristesse alors que vous savez que vous pouvez la soulager ».
Elle lui promit, s’en alla et deux jours passèrent sans qu’elle vienne.
Aymeri alors sorti dans le jardin, alla près du camélia, l’enlaça et supplia Doux Soupir de venir, mais il ne reçut aucune réponse. Alors, il revint chez lui et commença à préparer une torche. Aussitôt la jeune fille apparut, et lui arracha des mains, la jeta au loin et s’écria :
« Vous êtes un grossier personnage, je ne vous aime pas du tout, et je ne veux plus rien avoir à faire avec vous ! »
Il la calma et c’est à ce moment qu’il vit Blanchefleur debout, sur le seuil de la porte. Des larmes de joie l’aveuglèrent, il la prit par la main, la conduit près de sa sœur et tous les trois mêlèrent leurs pleurs.
Puis, il s’assirent et parlèrent de la séparation et du mal qu’elle faisait.
Aymeri remarqua que Blanchefleur semblait n’avoir plus ni poids ni épaisseur, et lorsqu’il lui prenait la main, ses doigts se refermaient sur du vide, et non sur la chaleur aimée d’un corps, comme dans les jours anciens.
« Lorsque j’étais une fleur, expliqua-t-elle, j’avais une enveloppe charnelle, mais maintenant je ne suis que l’esprit d’un esprit. Ne me considérez pas comme une réalité, mais plutôt comme un rêve ou comme une apparition. »
« Vous êtes arrivée à temps, s’écria alors Doux Soupir, votre époux était en train de devenir fou de solitude. »
Ensuite, Blanchefleur recommanda à Aymeri de prendre des baies blanches, de les réduire en poudre, de mélanger cette poudre avec un peu de souffre, et de faire une libation en souvenir d’elle, puis elle ajouta :
« Dans un an, jour pour jour, je serai rendu à votre tendresse. »
Les deux femmes s’en allèrent.
Le jour suivant, Aymeri observa à l’endroit où jadis Blanchefleur était enracinée, la pousse d’un nouveau plant qui pointait entre les mottes de terre, et fit les libations ainsi qu’elle le lui avait demandé.
Il entoura la jeune plante de soins et d’attentions, allait jusqu’à construire autour d’elle une petite balustrade pour la protéger.
Blanchefleur revint le remercier, et il lui proposa de transplanter le fleur près de la maison, mais elle refusa.
« Je ne suis pas encore assez forte, et je ne supporterai pas d’être déterrée. Et puis, toute chose ici bas à sa place. Je n’étais pas destinée à pousser près de chez vous, et d’y être  transportée risquerait d’abréger ma vie. Notre amour n’a pas besoin de changer de racines et peut croître et grandir ainsi ».
Aymeri lui demanda pourquoi Doux Soupir venait si rarement le voir, et Blanchefleur lui proposa d’aller la chercher.
Elle le conduisit devant le camélia, cueillit un brin d’herbe, mesura à partir du pied une distance de cinq à six pouces, et dit à Aymeri de marquer l’endroit, ce qu’il fit en grattant la terre avec ses ongles.
Aussitôt Doux Soupir sortit de derrière le buisson, et simulant la colère, s’écria : « petite masqué ! Pourquoi me livrez-vous ainsi à ce brigand ?
Ne soyez pas fâchée, lui répondit sa sœur, et aidez-moi à le distraire pendant cette année qui va venir. Ensuite, nous ne vous ennuierons plus, et vous laisserons en paix ».
Ainsi les mois passèrent, Aymeri regardait grandir sa plante, et, au printemps elle atteignait déjà deux pieds de haut. Il repartit alors dans sa famille, laissant aux prêtres un cadeau princier en leur recommandant de veiller sur la fleur.
L’année suivante, à la quatrième lune, il revint sur la colline, alla droit à la fleur, et vit, sur une des branches, un bouton gonflé prêt à éclore. Il s’approcha, et, soudain, la tige s’agita violement, comme si elle allait se briser, puis le bouton éclata et s’épanouit en une pivoine large et touffue.
Au milieu du cœur, assise sur le pistil, il aperçut une créature minuscule, et, l’instant d’après, Blanchefleur était debout devant lui.
«  À travers le vent, à travers la pluie, je vous ai attendu, et me suis langui de vous. Comme vous avez tardé ! » lui dit elle.
Puis, ils entrèrent tous deux dans la maison où ils trouvèrent Doux Soupir qui les attendait déjà.
Ils s’assirent tous les trois, et le temps se remit à couler, heureux comme aux jours d’autrefois.
Quelques temps plus tard, la première femme d’Aymeri mourut, et il s’installa définitivement sur la colline du monastère.
Les pivoines poussaient plus belles et plus larges que jamais, et Aymeri les admirant, avait l’habitude de dire :
« un jour, un esprit sera là, à vos cotés »
Et chaque fois, les deux jeunes femmes répondaient en riant :
« tachez de ne pas oublier ce que vous venez de dire ».
Dix ans passèrent ainsi, et un jour Aymeri, gravement malade, tomba de vieillesse.
« C’est vers une naissance que je vais, et non vers une mort ».
Il prévint les moines que, s’ils voyaient pousser à coté des pivoines une plante rouge à cinq feuilles, ce serait lui.
Lorsque le vieux maître du monastère mourut, les autres moines laissèrent la plante à l’abandon, puis finalement comme elle ne fleurissait pas, ils décidèrent de la couper.
La pivoine blanche qui poussait contre elle flétrit et mourut, et quelques temps après, un camélia qui fleurissait non loin de là se dessécha  et mourut aussi.


Jean-Luc.
ed. 12.08.2008.








 
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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 06:34

De la prévoyance ; science jugée obsolète, mais de nécessaire actualité.


- Bel accastillage n’évite pas le naufrage.

- Sur bel abîme mieux vise.

 

Même parfaitement ensemencée, toute récolte donne sa part d'ivraie.

                                                                                                                                 (Gargan)

- Tôt arrive la fin de ce dont on abuse.


- Trop l’abée* s’ouvre, tant la roue se brise.
* Ouverture réglant l’arrivée d’eau à la roue d’un moulin.

- En péril n’est pas en perte.

Le défaut, c’est comme un outil de bûcheron ; longtemps et lucrativement, il scie l’arbre, quand un jour il scie la jambe…


Le rejet du superficiel est une science instinctive.
Naturellement, son éminence se passe de votre volonté.
                                                                (Elle revient)

 

 Contrairement au constat de la qualité, celui du défaut se passe de loupe.

 


Laurent Lafargeas.
Proverbes et citations

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 19:41

(Vue générale des ruines de Chinon) Laurent Lafargeas.
 
                          Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon Chinon
                           Château de Chinon Châtheau de Chinon Château de Chinon Château de Chinon
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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 14:09





(Château de Saumur ; inachevé) Jean-Luc, 1986.
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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 13:07

 

De votre faiblesse restant l’arme la plus efficace de tout adversaire.


Les mépris, les amours, les sentiments assortis autant de joies que de pleurs instantanés ne concernent que celle ou celui qui les vit… L’humble perception de cela nous dicte à s’abstenir, sans conteste, devant même toute faiblesse d’autrui. Hélas, nuire demeure notre compétence la moins nécessiteuse de ces basiques réflexions.
                                                                                                (La poupée)
 

- Certes, indulgent n’est pas taupe, mais qui ne peste acquiesce.

Lorsque deux loups s'épient et se tiennent en respect, l'agneau
broute !
                                                                                           (Le prince noir)


Il reste vrai qu’il y a plus d’intérêt à rester seul que d’être accompagné d’un esprit ayant la mauvaise nature de vous déléguer ses tâches.
                                                                                                (Cumulus)


La tolérance est un mal, parce qu’elle s’est codifiée à un tel point absurde qu’elle en occulte le reste, y compris l’intolérance.
                                                                                    (L’aigle du Mont Paléria)


Laurent Lafargeas.
Proverbes et citations

 

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