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J’ai trouvé des larmes à mes premiers deuils ;
de moins larges à mes peines, mes ruptures et mes infortunes.
J’ai versé des larmes sur mes douleurs, mes ruines et mes abandons,
sur mes fautes et mes condamnations.
Des larmes pour celle qui m’a quitté ;
aussi, pour celle que je n’ai pu rencontrer…
J’ai versé des larmes sur tous les crimes, les guerres et les révolutions, sur les incohérences universelles,
sur les massacres et les excisions.
J’en ai versé d’autres sur les ailleurs où le sang coule
encore ;
des mille endroits du monde où, d’injustice et de folie,
jamais il ne cessera son infernal débit.
J’ai trouvé des larmes à mes premiers deuils ;
bien entendu, elles y seront à mes derniers,
aujourd’hui, cependant tari d’un émoi qui s’en va,
de plus en plus je m’indiffère,
mais hélas, avec cela,
s’en vont également toutes mes joies.
Car de qui a trop pleuré, comprenez-là qu’il ne pourrait s’entendre rire.
Laurent LAFARGEAS.
P107-1998.
