Paris
Hors ton mal rire de solitude et larmes sans fin,
ton gris pénétrant de misère circulant,
je m’oblige encore à te croire la plus belle.
La plus belle peut-être que pour un temps.
Mais, mon temps, dans son entier, tu l’as épousé.
Ce temps qui jamais n’eut de réel printemps.
Fille sans coeur, de Pigalle aux Gobelins,
parfois sans âme, puisque tu l’as vendu,
loin de toi , je suis néanmoins perdu.
Et ton froid deux fois millénaire,
tant que cent fois meurtrier,
me glace autant qu’il me réchauffe.
Berceau de l’ineptie bien avant d’être le mien,
j’ai peur d’oublier le cadeau de ces jours de soleil
où d’aise je gravissais sans peine ton Montmartre,
royaume du ciel, royaume de lune.
Paris, toi la plus belle, mais où le verbe aimer n’a plus de sens,
où la joie, le rêve et le grand coeur n’ont plus leur place.
Et dans ma vie, devenue pluie,
j’ai pourtant, malgré moi, toujours besoin de toi.
Paris, d’avec le temps qui pourri tout,
avec beaucoup d’effroi, au fond de moi,
j’ai peur d’un jour agonir loin de toi.
Laurent Lafargeas, 2010.