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  • Réac, atrabilaire, mais non sans expérience le justifiant. Sens de l'humour permanent, mais hélas sens de la réalité qui s'échappe de jour en jour. Par contre, même houleux, j'aime bien les échanges de point de vue. Et sur tous les sujets.
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23 juillet 2005 6 23 /07 /juillet /2005 15:35

Chant quatrième


 

Je ne saurais dire, ni quand, ni comment, mais Tréphaïs, déterminé à l'analyse de tous les moyens possibles en vue de la destruction de sa migraine, se retrouva assez vite face au fameux docteur Vilan Féro de Gilis'Iénal, ci-dessus précité. Bien entendu, ceci dans l'espoir d'en obtenir un remède efficace ; ce qui n'est que légitime, si l'on considère encore la violente migraine dont il souffre !...

 

Devrons-nous ici rappeler que cette maladie par personne ne fut invitée ?

 

Sans conteste, trois générations distancent les deux hommes, mais n'allez pas croire que la communication en fut altérée pour autant.

Certes, le plus jeune demeure, pour l'heure, souffreteux, tout autant que, par épuisement, atrabilaire est devenu le plus vieux. À chacun ses maux !...

 

Néanmoins, arrivèrent et s'échangèrent les premiers mots. Ceux de Tréphaïs balbutièrent, vous vous en doutez. Aussi, le docteur, du désarroi de son interlocuteur, en fut derechef en émoi. Ce qui va de soit !

 

Maintenant, il est dit dans ce bas monde, que toute aide se monnaye; du moins qu'elle attend son dû. D'ailleurs, à cet effet, Tréphaïs proposa l'intégralité de sa bourse, dans l'immédiat.

Ce que tout malade, en attente de guérison, aurait fait ; convenez-en dans ce cas !

 

Hélas, Gilis'Iénal n'est malheureusement pas expert en cela. Si vous le permettez, plutôt voyez notre docteur comme un sage, un élu, un non conforme au rang des milliards d'autres individus. Il pratique l'absurde, comme moi, vous l'aurez ici parfaitement entendu.

 

Son, leur, mon, notre dialogue, de volonté commune, n'envisagerait rien d'autre que de s'échapper des maintes cultures et procédures humaines ; et ceci même, si toutes ne sont pas reconnues vaines.

 

Et pourtant, nous allons faire mieux... Disons que Dr. Gilis'Iénal conserve un indétrônable goût du jeux.

Au-delà de nombre palabres sur l'anatomie du cerveau, et de tous les parasites que ce dernier reste susceptible d'accueillir, pour l'anéantissement d'une migraine, notre érudit exposa trois antidotes au choix dont il confirmait l'efficacité.

Invitant Tréphaïs à se pencher par une fenêtre, au bas et derrière laquelle s'étendait une cour pavée sur environ trois arpents, il lui décrivit la constitution du premier remède. Voyons ici, plutôt les règles d'une épreuve !

-   As-tu déjà participé à un match de rugby ? lui demanda-t-il.

-   Oui ! une fois, répondit Tréphaïs.

-   Eh bien, c'est ici un peu les mêmes difficultés... Vois-tu, là-bas, au fond de la cour, une ligne blanche a été tracée sur le sol … ; c'est l'en-but des défenseurs. Aussi, c'est au-delà de cette même ligne que tu dois totaliser au moins quatre essais... Mais attention ! il ne s'agit pas d'y conduire un ballon de cuir. C'est une aiguière en porcelaine manchoue qu'il faut manœuvrer derrière ce trait ; et sans la briser, bien entendu.

De la porcelaine contre du pavé, pour Tréphaïs l'échec était d'avance assuré. D'autant plus que les équipes opposées ne présentaient aucun avantage à comparer. De deux borgnes et d'un aveugle, la sienne se trouvait limitée ; d'une cohorte de légionnaires romains, celle de l'adversaire était composée.

Gilis'Iénal en vint alors au deuxième remède possible - en vue d'atteindre la guérison immédiate, précisait-il.

 

Entraînant son patient vers un angle de sa demeure, il lui fit observer un étroit escalier colimaçon s'élevant à l'étage supérieur, distancé, lui, d'à peu près cinq bonnes toises.

Là aussi, Tréphaïs dut renoncer à l'épreuve, puisqu'il n'était

absolument pas question de gravir seul cet escalier, mais d'y

transporter un vélo tandem occupé par deux unijambistes.

Vinrent quelques mots sur la troisième possibilité de regagner la santé.

Moins réduite en espace temps, celle-ci !

Je veux dire là, que Tréphaïs disposait d'autant de jours qu'il le désirait pour aboutir à ses fins, et ceci, accompagné des deux objets structurant l'épreuve. Un livre de mille quatre cent dix pages vierges numérotées, et un sac de lin débordant de près de trois millions de caractères d'imprimerie : lettres alphabétiques, italiques et majuscules, ainsi que diverses ponctuations : tirets, points, virgules et points-virgules.

-       Prends ce sac, et prends ce livre, lui ordonna le vieux savant.

Place-y les lettres dans le sens qu'il te conviendra, et fais-en un texte qui se lise comme la vérité.

Et ce fut sur ces derniers mots, en emportant avec lui les objets de cette troisième épreuve, que Tréphaïs acheva la consultation qu'on lui avait accordée.


 
Laurent Lafargeas, 1978.
E04-05. ed.23.07.2008.

 

Les chants de Tréphaïs V

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