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  • Réac, atrabilaire, mais non sans expérience le justifiant. Sens de l'humour permanent, mais hélas sens de la réalité qui s'échappe de jour en jour. Par contre, même houleux, j'aime bien les échanges de point de vue. Et sur tous les sujets.
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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 16:24

PLACE DES VICTOIRES

 

En 1684, sous l’impulsion des bâtiments du roi, et probablement celle des échevins de la ville, François III d'Aubusson, duc de La Feuillade et maréchal de France, finance la plus grande part de la constitution d’une place à la gloire du roi soleil.

Les principales victimes de ce projet furent l’ Hôtel d'Émery, quelques habitations avoisinantes et surtout un grand hôtel appartenant à Monsieur de  La Ferté-Senecterre et s’entendant entre les rues de la Vrillière, des fossés Montmartre, des petits pères et de vide-Gousset.

La place, réalisée de forme ovale en 1685 et répondant au plan de Jules Hardouin Mansart, fut entourée d’hôtels dont les façades étaient l’œuvre de l’architecte Prédot. L’ensemble reposait sur des arcades ornées de pilastres ioniques s’élevant avec les deux étages terminés de mansardes.

Au centre de cette « place des conquêtes », inaugurée le 18 mars 1686,  le maréchal de La Feuillade fit sculpter un marbre représentant Louis XIV en pied, foulant la discorde et couronné par la victoire ; le tout s'élevant à 3,30 mètres. Quatre personnages - enchaînés -en bronze occupaient le socle (piedestal haut de 7 mètres) de cette magnifique statue. Ils représentaient soi-disant les nations vaincues par le grand roi, mais une autre interprétation les donnait pour l’abattement, la colère, la résignation et l’espérance (cette partie ornementale, transférée un temps à la porte principale des Invalides, est encore conservée au musée du Louvre). L’œuvre est attribuée à Martin Desjardins, mais il semblerait que Gilles Guérin y aurait participé (ce qui parâit fort peu probable, puisque ce dernier est décédé en 1678). En 1681 le roi vint admirer le résultat de ce qui devait commémorer la paix de Nimègue, mais le maréchal, insatisfait, fit refaire la statue en bronze doré (une rumeur laissait penser que La Feuillade couvait le projet d'acquérir une cave en l'église des petits-pères afin d'y faire creuser un souterrain permattant d'aller l'inhumer plus tard sous la statue de son roi).

Hélas, la révolution devait mettre à bas cette commémoration en 1792 pour la fonte de canons. Une pyramide en bois prit alors la place du roi ; y était gravés les noms des citoyens morts durant l’émeute du 10 août de la même année, ainsi que les départements liés à la République.  

Plus tard, en 1810,  Claude Dejoux réalisa une statue du général Desaix qui se substitua à la pyramide révolutionnaire – celle-ci transformée en bois de chauffage. Desaix, entièrement nu sur cette place, rebaptisée « place des victoires-nationales » par la Convention, n’occupa que peu de temps l’emplacement. La Restauration charge, en 1828, de réédifier Louis XIV. Cette nouvelle statue – celle que nous voyons aujourd’hui -, équestre pour cette fois-ci, fut l’œuvre de François Joseph Bosio.

victoires 1792 Destruction de la statue de Louis XIV en 1792

 


Les premiers habitants étaient déjà et furent des particulièrement nantis de l’époque – beaucoup de fermiers généraux enrichis sous le ministère de Pontchartrain.

L’emplacement du n° 9 était occupé par l’hôtel de l’Hospital. Il avait été construit bien avant la construction de la place, en  

 1635, pour Marc-Antoine Acéré, secrétaire du roi, et fut racheté ensuite par en 1635, pour Marc-Antoine Acéré, secrétaire du roi, et fut racheté ensuite par François de l'Hospitalcomte du Hallier. Cependant, il semblerait que cet hôtel fut constitué en deux acquisitions, puisque l’histoire mentionne que dans la rue des petits champs se trouvait une enseigne au « Singe qui pile » exploitée par un Pasquier l’archer, puis par un Pasquier le riche en 1561, puis par un Jean Hénault en 1578. Cet endroit fut cédé en 1628 par les religieux de Saint Martin des champs (propriétaires) au comte du Hallier. Ceci en échange d’une rente constituée par François de Béthune et son épouse, Jacqueline Caumont.  la veuve de François de l’Hospital, Françoise Marie Mignot se remaria au roi Jean II Casimir Vasa de Pologne en 1672 par procuration en la chapelle de son hôtel, mais rapidement encore veuve, elle  revendra l’unité foncière à Simon Arnaud de Pomponne qui vit sa demeure réduite par les travaux de la place, en 1685 - ce fut tout de même dans le souci de préserver cet hôtel que l’ensemble public fut envisagé en forme d’oméga. En 1713, c’est le « porte-balle » et receveur des États du Languedoc, Michel Bonnier qui l’occupe, puis Paul Poisson de Bourvallais qui y finit ses jours dépouillé de son château de Champ sur Marne. En 1723, c’est la Compagnie des Indes qui l’occupe avant qu’il devienne la propriété de M. de Massiac (« cadastré » en 1788). Dès lors, l’immeuble est occupé par le physicien Jacques Alexandre Charles et l’atelier des frères Anne-Jean et Marie Noël Robert chez qui fut construit l'aéronef qui devait s'élever aux Tuileries le 1er décembre 1783. La Banque de France occupa l’hôtel de 1803 à 1812 – ceci avant d’occuper l’hôtel de Toulouse, non loin. Enfin, il devint ensuite le magasin de Châles Ternaux, puis de divers entrepôts avant d’être détruit lors du percement de la rue Etienne Marcel en 1883. C’est Blondel qui édifia l’immeuble actuel.

À l’emplacement du n°3 se trouvait un hôtel bâti sur les restes de l’hôtel d’Émery. Il fut racheté vers 1690 par Madame de Soyecourt, et est connu pour avoir abrité une certaine Mademoiselle Oré, quoique cette dernière reste également connue pour avoir logé au 4 rue vide-gousset.

Au n° 5 habita Turenne avant la construction de la place. L’endroit, nommé Hôtel de Bauyn de Pereuse ou Perreuse, fut habité par un Pereuse, médecin et secrétaire du roi anobli en 1638, puisque appartenant à la famille de Courtenay.

Les n° 2, 4 et 4 bis correspondaient à l’emplacement de l’hôtel de La Ferté-Sanecterre avant la construction de la place, et constituèrent ensuite l’hôtel qu’occupa le maréchal de La Feuillade. À la mort de celui-ci, en 1691, ses biens, fortement hypothéqués par le marquis de Clérambault,  obligèrent l’archevêque d’Embrun (nouveau propriétaire) à modifier le bâtiment afin de l’adapter à la symétrie de Mansart (aujourd’hui, nous retrouvons une porte de cet hôtel au 4 rue de la Feuillade, ainsi que les arrières donnant sur la rue des Petits-pères). Aussi, cet emplacement, construit initialement sur les fortifications de 1358, relevait du cens royal, contrairement au reste de la place relevant du cens de l’archevêché de Paris. Plus tard, le n°4 fut habité par le financier John Law de Lauriston avant de devenir l’hôtel Bergeret de Talmont, tandis que le n° 2 devenait l’hôtel Bergeret de Grancourt. Aussi, les transformations postérieures à 1691 entraînèrent la création du n° 4bis qui devint l’hôtel de Metz de Rosnay, ou l’hôtel de Forceville, ou encore l’hôtel de Vigier.

De l’autre côté de la place se trouvait l’hôtel de Clérambault (2,rue vide-gousset - nommée un temps rue Terray) qui fut occupé également par la nièce de Pallu, secrétaire d'État. En 1635, l'endroit fut habité par le beau-père de Tallemant des Réaux, avant de devenir la propriété du généalogiste Clérembault.

Séparé de l’hôtel de Pomponne par la rue Pagevin (un temps rue du reposoire) , l’hôtel fut occupé par un Monsieur Prudot (probablement le n° 7 actuel qui fut le numéro que l’histoire retient comme la propriété du chevalier Samuel Bernard, et dont son héritier Anne Gabriel, marquis de Boulainvilliers, devait céder la place à un Voyer d'Argenson).

La partie nord-ouest de la place était essentiellement occupée par des financiers : M. Jérémie, M. Legras, Mme de Mailly, Mine de Normando, M. Nivet, Mme Pelet, M. Raquin, M. Roland (Le 6 fut l’hôtel de Prévenchères, ou hôtel Lenoir - habité un temps par le député Pierre Joseph Cambon ; le 8 hôtel Pellé de Montabeau ou hôtel de Bosredon ; le 10 hôtel Gigault de La Salle ou hôtel André d'Arbelles, ou hôtel Biliotti – c’est probablement en cet endroit que logeait M. Vénier, secrétaire du cardinal Dubois ; le 12 hôtel Cornette ou hôtel Le Duc-Desnoues – bâti par Dusautoy).

Quant au n°1 (hôtel de Charlemagne), et le n° 1bis (hôtel de Montplanque), ils semble avoir été un temps la propriété d’Antoine Crozat voisinant, certes un certains M. Cormery, mais surtout un Jean Rémi Hénault, avec lequel il fut saisi en 1716 (d’autres sources logent Crozat au n°3, ce qui conduirait M. Cormery au 5 et Hénault au 7) Le 1 fut ensuite occupé par un certain Autreau.  

À part Bossuet qui habita un temps la place, notons également Madame de Wolcomte (jusqu’en 1854), le médecin du roi Paul Barthez, qui mourut ici en 1806,  et les fermiers généraux Monchy et Lemée.

Ce fut au lendemain des trois glorieuses que la place fut progressivement envahie d’enseignes commerciales défigurant l’harmonie de ce qu’avait été l’une des plus belles places de Paris.

 PlaceVictoires2.jpg

  Louis XIV par François Joseph Bosio
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