Manque et surplus.
Voyons ces longs espaces de vie qui s’écoulent, inutiles, si ce n’est de routine, où s’érige et s’édifie le manque d’une autre ; celle qui se nomme absence lorsque l’on sait qu’elle existe, une autre que l’on croise et s’appelle désir, ou encore celle que l’on rêve, chaque nuit de visage différent. Voyons ce manque, cette mauvaise œuvre de bronze, patinée, érodée de s’être, d’âge, confirmée ; voyons-la ainsi se muer en artisan de toutes les envies autant que guérisseur temporel de l’ennui.
Aussi, puisque la solitude est un froid manteau l’hiver, étouffant aux belles saisons, d’instinct, elle exige disparaître ou vêtir une forme moins amère,
et c’est d’une autre, un surplus, que, sans joie, elle encombre son vécu.
Laurent LAFARGEAS.
P91-2005.