François Boucher
Dame et dames
Lorsque je m'évoque ce que j'ai connu de toi ;
par exemple, tes cheveux,
tes formes, celles de ton corps, en tous ses endroits,
peut-être aussi le pouvoir de tes yeux,
de cela, le saurais-tu, de mes songes,
ton actuelle absence, dans le désespoir me plonge.
Dame et dames, seriez-vous un jour moins décevantes
qu'un semblant d'absolu pourrait l'exiger ?
Dame et dames, me laisseriez-vous toujours dans
la peine de l'espérer ?
À défaut de votre réponse,
dans ledit désespoir, je m'enfonce.
Et pour cause !
Toujours, elle, celle, toi, vous m'enlisez un jour,
quand il ne s'agit de m'humilier le même jour.
Entendez néanmoins que, quoique vous soyez
détestablement les mêmes,
impossible reste pour moi de m'interdire encore
dire, je vous aime.
De là, comprends également
que, du meilleur, j'aurais souhaité demeurer ton amant.
Hélas, la règle universelle qui vous régit,
vous guide de surcroît à, dans votre âme, me garder,
vous conduit cependant à perdre mon amour avant mon amitié.
Laurent Lafargeas.
155-1994. ed.25.05.2008.