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  • Laurent
  • Réac, atrabilaire, mais non sans expérience le justifiant. Sens de l'humour permanent, mais hélas sens de la réalité qui s'échappe de jour en jour. Par contre, même houleux, j'aime bien les échanges de point de vue. Et sur tous les sujets.
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10 juin 2016 5 10 /06 /juin /2016 09:46

Flytrap

 

Glorifier ses propres défaillances reste un art qui se prive obligatoirement de scrupules encombrants.

 

Depuis 23 ans que je suis dans la police, 17 ans à la Judiciaire, des crimes j'en ai décodé quelques insolites, mais celui de Saint-Quentin, en 1977, fut commis par un meurtrier particulièrement hors du commun.

Il me faut donc la relater. 

Pour moi, écrire n’est pas une vocation ; j’y suis arrivé par insistance d’une certaine élite de mon entourage, fort convaincue qu’un flic a toujours beaucoup de piquant à libeller. Alors, sans rechercher les prix Goncourt, Minerva ou autres juteuses promotions au service de la littérature commerciale, je me suis tout de même exercé à quelques banalités policières, faibles en vanité, sans trop d’intérêt, mais aussitôt génératrices de reproches et d’interdictions de la part de mon préfet.

Ça s’ordonne parfois comme cela dans la fonction publique. Et parfois aussi, on se demande pourquoi. D’ailleurs, c’est comme pour les fluides lucratifs de la littérature, en lesquelles je n’ai toujours rien compris du reste.

Tout cela pour vous dire, à vous lecteurs, qu’en aucun cas je ne saurais me comparer à un Simenon, une Agatha Christie, ou encore un Frédéric Dard. Entendez que, sans médaillement, ni relation, je reste un    piéton en matière de favoritisme éditoriale.

Maintenant, cette enquête de l’affaire de Saint-Quentin, très courte et sans heurt, elle mérite tout de même que je la narre au mieux. Du moins, que j’en expose les méandres dans lesquelles je me suis un temps enlisé.

À dire qu’un autre inspecteur aurait fait mieux reste encore une hypothèse, certes, mais entendez que l’orientation des recherches, se dirigent généralement vers des suspects davantage conventionnels ; de coutume, beaucoup mieux rencontrés. Entendez que je ne sorti pas victorieux de cet imbroglio, mais que toutefois, je m’auto congratule encore d’un mérite tout çà fait relatif.

Le dimanche 26 juin, le cadavre d’un jeune homme est retrouvé enlisé, lui, dans un marais poisseux de l’Omignon, au sud de Péronne. Il fut rapidement identifié ; Jean-Jacques Receveur, 18 ans, étudiant en droit, et signalé disparu par sa mère, le 14 du même mois.

Alors dépêchés par le procureur de la Somme, nous nous rendîmes sur les lieux, ledit marais, moi et mon collègue, Gilles Fauchereau. Le métier étant parfois un tantinet sport, je dirais davantage mon coéquipier Fauchereau.

Extrait de la vase par la gendarmerie avant notre arrivée, le corps, pour l’heure non identifié, trempait désagréablement dans une enveloppe de végétaux aquatiques ou autres. Fauchereau prit note des premiers constats. Une corde nouée au torse, et encerclant les deux épaules. Là, il eut l’immédiate judicieuse remarque. Ce système fut sans aucun doute pensé par le criminel pour le déplacement de la victime. Ainsi, le lasso servit de poignées. Indubitablement, cela nous désigne un seul coupable, et faible de surcroît. Un petit homme ; une femme peut-être. D’autant que le macchabée n’est pas bien lourd. Le terrain nous séparant du tout-venant praticable confirme ce déplacement, mais son humidité ne nous laisse absolument aucune trace de pas. Quant au tout-venant donc, il présente des empreintes de pneus, certes, mais de trop de passages enchevêtrés les uns sur les autres pour en obtenir une marque probante. Enfin, la zone étant ceinturée, j’ordonne tout de même des prises photographiques. Une certitude : personne n’a été tué ici. Et tué comment ? Aucune blessure, pas de sang donc, pas même des marques de strangulation. L’autopsie nous donnera la réponse. En attendant, au retraité qui a découvert le corps, je l’oblige à nous entretenir chez lui. Des fois que l’on y découvre quelque chose. C’est niais, mais, dans le passé, j’ai serré deux assassins ayant également découvert le corps de leur victime. Ici, rien en ce sens. L’homme reste traditionnellement franc, d’une variété de français moyens convenables, honnête, voire même manifestement traumatisé.

En fin de matinée, de retour au bureau, nous engageons une recherche au fichier central. Aussi, auprès des confrères et gendarmes du département et de ses limitrophes. Et ça ne tarde pas ! À quinze heures, la disparition de l’adolescent est bien signalée par la gendarmerie de Saint-Quentin qui, de surcroît, détient un récent photomaton.

Et nous voilà reparti dans l’Est. Aucune confusion sur la personne. Maintenant, il s’agit d’informer la famille. Pour ce type d’annonce, il me manque un certain doigté. Donc, j’attendrai Fauchereau dans la voiture. Bien m’en pris car l’entrée en deuil fut particulièrement insoutenable, me rapporta-t-il. Seul, le papa ira reconnaître son fils demain matin.

Pour l’instant, on n’a guère d’orientation. Les parents, nous les interrogerons plus tard, c’est entendu, aucune structure de pneu n’est vraiment identifiable, à part celles de nombreux véhicules agricoles ; quant à l’autopsie, nous devons attendre encore 36 heures. La récréation forcée en somme !

Au-delà, le légiste ne fut très pas loquace – probablement par crainte de se tromper. Du moins en ce qui concerne la date précise de l’homicide. Enfin, il demeure formel sur un point : le jeune homme trouva la mort par asphyxie. Un étouffement peut-être, comme l’aurait été celui d’un oreiller violement serré sur la tête, un sac plastique ; encore comme cloîtré dans un espace réduit et hermétique à souhait. Pourtant un autre indice détiendrait la faculté d’éloigner ces deux hypothèses. À savoir six légères entailles, parfaitement similaires et disposées symétriques de part et d’autres : quatre sur le cou, deux sur le front.

Là, Fauchereau ne put s’interdire l’une de ses mille bourdes instinctives.

  • Le gamin a du rencontrer un anaconda, voire un crocodile qui l’aurait avalé par le crâne, puis contraint de le recracher à cause de la taille du reste.
  • Oui ! possible… Maintenant, tout comme les anacondas, il n’y a pas eu beaucoup de crocodiles de signaler dans la région, ces derniers temps.

 

 La chambre du garçon est d’un classique adolescent. De n’en observer aucune place pour un fantôme !  Scotchés aux cloisons, posters de Jimmy Hendrix et Lou Reed ; des chaussures de sport également suspendues. Lampe à bulles, lampe à paillettes, et chaise tulipe. Aussi, une bibliothèque particulièrement chargée d’ouvrages botaniques. Dans les tiroirs du bureau en tek, nous trouvons un herbier, un tac-tac et une photo de groupe. Là, l’on va se dire que l’éventail des relations du défunt s’élargie quelque peu. Lui-même et ses camarades : deux filles et trois garçons dont Monsieur et Madame Receveur nous apprennent les identités assez rapidement. Le jeune homme étudiait assidument, ses amis n’ont au demeurant rien de reprochable ; lui-même n’a jamais eu aucun rapport avec les autorités. Pas d’usage de stupéfiant non plus remarqué. Aucun abus d’alcool également. Bref ! un garçon encore loin de prendre son envol ; pour nous et pour l’instant, un désert d’information. Outre qu’il était féru de botanique, nous apprenons toutefois qu’il le fut aussi du cyclisme ; ce qu’il partageait  généralement le week-end avec un autre camarade absent de la photo : Cédric Gallet. Ici, une autre piste s’exhale de notre nébuleuse.

Sans perdre de temps, nous exploitons tout cela en se partageant Saint-Quentin et alentours ; Fauchereau pour le nord, moi-même au sud, avec un véhicule mit à ma disposition par la magistrature locale : non pas une églantine comme celles dont on dispose maintenant, mais une puissante 4L. Ici, l’ensemble de nos déplacements ne nous apprennent pas grand-chose. Excepté le jeune Gallet, séjournant à Montbard jusqu’à la fin de la semaine, tous ceux visités apparaissent comme les bons sujets décrits par les parents du défunt. Je veux dire-là, aucun symptôme d’usage de stupéfiant ; aucune autre débauche. De plus, ils ont tous et toutes des emplois du temps vérifiables. Nous allons donc voir un peu plus loin. Déjà à Paris, où l’adolescent logeait chez ses grands-parents maternels, Porte de Châtillon. Là encore nous allons nous séparer. Fauchereau, lui, se rendra à Paris, tandis que moi, j’irai scruter les autres membres de la famille. Au demeurant, avec cette dernière, restreinte, peu de direction non plus. L’étudiant à un jeune frère âgé de douze ans. Suspect improbable ! La maman est fille unique. Le papa à une sœur, domiciliée à Bordeaux, et sans laisser de nouvelle depuis déjà trois mois. Également, il a encore sa mère. Une septuagénaire domiciliée rue Pierre Loti, à deux pas de la maison familiale.

Ma première visite chez cette dame ne m’en apprendra guère, mais je garde encore ici le souvenir d’une femme particulièrement originale. Peut-être pas ma criminelle, mais pourquoi pas. 73 ans, mais rien de suranné, autant dans le comportement que dans le mobilier de son pavillon-meulière. Celui-ci singulièrement encombré de plantes vertes de mille espèces. Ostensiblement enchâssée, exubérante sans conteste, non encombrée de modestie, avec une légère tendance à se mystifier elle-même, surtout très attachée à son propre sillage donc, elle ne m’apparut pas le genre de mamie à s’assoir pour regarder tourner l’heure. Et d’un terme emphatique à m’en épater ! Enfin, elle devait tout de même accuser certains dérèglements mnémotechniques, puisqu’elle me servit le café que je venais pourtant de refusé. Enfin, elle m’attarda considérablement à l’écoute de la narration d’une part de sa vie n’ayant aucun rapport avec mon enquête. Ses enfants sont issus d’un premier mariage, elle reprit son nom de jeune fille au-delà d’un second veuvage, et, à présent, le terme de son existence se profile assez proche compte tenu de ce nouveau deuil. Elle l’aimait beaucoup son petit Jean-Jacques !

Je prends congé, et retourne à mon conseil de guerre. C’est-à-dire seul dans un bureau m’ayant été courtoisement attribué au commissariat de Saint-Quentin.

Nous sommes vendredi 1er juillet, c’est le week-end, et je n’ai encore rien débrouillé de cette affaire, tout autant limpide que les fonds du canal de l’Ourcq. Disons encore personne à faire passer à table. Fauchereau, dont les congés débutent demain, m’a téléphoné pour me relater sa visite auprès de la famille de la Porte de Châtillon, celle à la faculté d’Assas, également celle auprès d’une relation de l’étudiant occis, mais, de ces côtés, rien de significatif non plus. Quelle poisse à cette étape de l’enquête ! D’autant qu’il faudra rendre des comptes dès lundi, et avec les gazetiers quelque peu aux fesses, de surcroît. Dans la plupart des cas, nous focalisons sur deux ou trois potentiels suspects dès le deuxième jour. Là, toujours aucune piste au-delà du cinquième. En vain, je tente un procédé d’élimination par faible logique. Si j’oublie ici l’originalité de la façon de trucider, il apparaît évident que le criminel avait intérêt à la dissimulation du cadavre. Je suis donc contraint ici de ne pas y voir un étranger, un voyou de passage. Peut-être puis-je entrevoir la possibilité d’un kidnapping qui aurait mal tourné. À savoir une équipe d’amateurs ayant mortellement trop clos leur otage avant de programmer la demande de rançon. En ce sens, les parents ne sont pas suffisamment nantis au point qu’il en soit envisagé une telle forfaiture. Également, si la victime ne se droguait pas, de ce labyrinthe, je dois en écarter tout éventuel dealer, c’est entendu. Peut-être puis-je spéculer en l’acte d’un dégénéré local, d’un psychopathe plus ou moins homosexuel. Possible ! Aux dire de la maman, son fils est sorti vers 11 heures, le matin du 14. Ceci, sans évoquer sa destination. Certes, il n’est alors pas rentré pour déjeuner, mais ce fut davantage le soir qu’elle commença à s’interroger plus notoirement. Depuis le début de ses vacances, il n’avait pris aucune habitude de découcher sans même en avertir sa famille. Tout cela laisse supposer qu’il disparut dans un espace-temps d’environ 10 heures – c’est quasi attesté. De cette dernière réflexion, m’apparaît deux carences de notre rapport. Nous avons clairement omis de s’interroger quant à savoir s’il quitta la maison véhiculé ou non ; aussi, s’il fréquentait quelques endroits publics de Saint-Quentin.

Arrive le lundi. Le jeune Gallet n’est pas très avenant à l’égard de la police. Je ne m’en offusque guère ; de la part d’un petit con, ça bouscule peu ! Enfin, hors de soupçon, lui aussi, il m’apprend tout de même que Jean-Jacques copula un temps avec une certaine Magalie, jeune dionysienne un tantinet primesautière. Un fait que les parents ont oublié de nous mentionner. Cette nouvelle information va me conduire chez les Receveur ; procéder alors à un attentat contre leur intimité.

Là, cet autre accueil est moins chaleureux que le précédent. Surtout de la part de Monsieur. C’est à se demander le pourquoi. Bon ! je l’ignore quelque peu, et j’interroge Madame.

  • Connaissez-vous une certaine Malagie de Saint-Denis.
  • Oui ! bien sûr, c’était la petite amie de Jean-Jacques.
  • Vous dites c’était… Est-ce à dire que ce ne l’est plus ?
  • Eh bien ! il se sont quittés en avril dernier.
  • Elle venait souvent à Saint-Quentin ?
  • Voyez que ce fut une brève relation. Nous l’avons reçu ici qu’un week-end, en février.
  • Vous savez pourquoi, ils ont rompus ?
  • Une fille un peu volage ; elle a dû trouver un autre compagnon. Du moins, je le pense.
  • Lui, que vous a-t-il dit alors ?
  • Rien ! Il n’était pas loquace sur le sujet, si ce n’est qu’il ne trouvait plus le temps de la fréquenter assidûment.
  • Et vous ne l’avez pas cru ?
  • Je vous ai dit ce je que pensait.
  • Vous n’avez pas son adresse, je présume ?
  • Non… Mes parents peut-être… Ils se voyaient beaucoup plus chez eux.
  • Normal !... Eh bien, je vous remercie.

Le papa s’agitait dans le couloir au pied d’une immense plante verte d’intérieur. Son comportement, peu ordinaire, me suggéra deux idées intuitives. Tout d’abord, celle qu’il ne souhaitait guère continuer à me partager trop longtemps l’air que l’on respirait alors, puis celle qu’il détenait une information dont son épouse restait en marge. Disons comme une borne.  Ma curiosité, toute professionnelle, tenta d’en connaître davantage, et je l’interrogeais niaisement sur l’identité de l’imposant végétal. Histoire de le faire parler.

  • Une "monstera deliciosa" géantisée par ma mère… C’est l’une de ses passions marginales. 
  • Pourquoi, elle en a d’autres ?
  • Ça ne lui manque pas, c’est sûr, mais celle-ci n’est pas en défaut de sel. Voyez par vous-même. Cette espèce atteint à peine deux mètres en général. Là, vous en avez trois. Elle détient un secret, me dit-elle.
  • Aussi, la botanique, c’était un peu le truc de votre fils, n’est-ce pas ?
  • Aussi.

Pour cette fois, je n’en saurais pas plus. Ici, l’homme n’a visiblement aucune intention de prolonger la conversation davantage.

Pour ce qui fut de la recherche et la consultation de la donzelle de Saint-Denis, je déléguais à un collègue parisien. Et là, encore rien de déterminant. En effet sans heurt, elle remplaça  Jean-Jacques début mars, et n’eut plus aucun contact avec lui depuis. Une fille plutôt frivole qu’amourachée à en créer un drame.

De nouveau, me voici dans l’impasse. De nouveau, me revoici à mon conseil de guerre.

À ce niveau de l’enquête, je dois avouer baigner dans l’étron. La brume totale, et pas une autre virgule à rajouter au rapport. Si je reste sur mon scénario du psychopathe, je vais devoir envisager un travail de fourmi sur le parcours du cycliste qui, le jour de sa disparition, s’était absenté sans son vélo. Peut-être se rendait-il chez sa grand-mère, à deux rues d’ici, supposait la maman.

Certes, je vais y retourner chez la mamie, mais, avant tout, je tenterais bien un questionnaire auprès du petit garçon, le frère du défunt. En théorie, nous n’avons pas le droit, mais si je respecte les voies guidées de mon intuition, je vais oser cette démarche quelque peu cavalière. Je vais l’accompagner au sortir du collège.

- Tu parlais beaucoup avec ton frère ?

- Oui ! Il m’apprenait beaucoup de chose.

- Il t’aidait dans tes devoirs, je pari…

- Non ! pas trop. Il avait suffisamment avec les siens.

- Et dans les derniers temps, tu n’as pas remarqué qu’il pouvait être préoccupé par quelqu’un ou quelque chose ?

- Bah non ! C’était le début de ses vacances. Il était bien dans sa tête. Il avait du temps libre.

- Qu’en faisait-il de ce temps libre ?

- Je pense qu’il allait voir les filles.

- T’en connais ?

- Non ! mais j’ai du mal à croire qu’il passait tous ses après-midi chez ma grand-mère.

- Il y allait souvent ?

- Où ?

- Chez ta grand-mère.

- Tous les jours… Mamie lui a refilé le virus du jardinage. Des acharnés là-dessus !

- Oui ! ton père m’en a parlé. Même qu’il paraît qu’elle reste une artiste dans le domaine.

- Pour ça, c’est plus que certain qu’elle a la main verte, mais, moi, ça me donne des frissons.

- Bah ! et pourquoi ?

- Chez elle, il n’y que de cela. Des plantes fleuries, des cactus, même des arbres à l’intérieur de sa maison. Et puis, de certains, il est interdit de s’en approcher, dit-elle… Moi, je n’aime pas aller chez ma grand-mère. Et c’est bien à cause de cela.

- J’y ai été chez ta grand-mère… Je n’ai pas fait attention aux arbres.

- Ils sont dans son vivarium. Quand vous rentrez, c’est la dernière porte à gauche, tout au fond du couloir.

- C’est une serre ?  

- Oui ! mais, elle, elle appelle cela son vivarium des anges.

Un circonlocution guère orthodoxe, mais qui en dit long, pensai-je.

- Sinon, ta mamie, elle n’est pas méchante. Tu l’aimes bien tout-de même ?

- Oui ! d’ailleurs, elle me fait rire souvent, mais je crois bien qu’elle perd un peu la tête. Des fois, elle ne sait plus vraiment ce qu’elle dit.

-Oh ! c’est l’âge ça, mon garçon.

 

Maintenant, l’intuition mentionnée plus haut semble s’orienter dans une direction probante. C’est la famille que je dois assiéger. Alors, je retourne chez la grand-mère. Il y a obligatoirement là-bas des informations restées sous masques.

Ce fut vêtu d’un non ordinaire peignoir-chasuble que la septuagénaire me reçut sans aucune animosité. Elle reste très détendue, sans hésitation dans ses réponses ; sans tremblement. Son petit-fils ne venait pas ici forcément tous les jours. Il était féru des sciences, de la botanique, et c’est pour cela qu’il l’aidait aux rempotages. Aux bièrages également.

Là, j’appris beaucoup de choses sur le sujet, notamment que le biérage consistait au lavage des feuilles avec de la bière, et non avec de l’eau, comme je l’aurais banalement fait si j’avais été conduit à le faire, que la température ambiante ne présentait aucune entrave au développement des espèces, exotiques ou non. Enfin, la conversation me saoula ostensiblement, et sans conteste, au bout de quelques minutes seulement. Je suintais alors d’une détestable envie de quitter les lieux. Comment dire ? La mémère m’étouffait de paroles sans intérêt, autant que de sa manifeste  idiosyncrasie. De plus, et je n’y prêtai guère attention lors de ma première visite, en sourdine, une pourtant insupportable musique de supermarché s’entendait de toutes parts de l’habitat. Indispensable à la croissance des liliacées, m’affirmait mon interlocutrice. Quasi impoliment, je mis un terme à sa salacité en exigeant qu’elle me conduise à son vivarium.

  • Vous voulez parler de ma serre ? me demanda-elle.  
  • Oui !
  • Comment pouvez-vous connaître son existence ?
  • Je suis de la police, non ?

Peut-être, je pensais ici trouver quelques autres questions plus directement relatives à mon enquête.

Enfin, je dois avouer plutôt avoir profondément désiré fuir sa conversation, tout comme abandonner la cuisine où fumait le café imbuvable qu’elle insistait à me faire boire.

Déjà, avant d’entrer dans la serre, je remarquais qu’un panneau avait récemment été soustrait de la porte d’accès. Panneau six fois plus long que large.

  • Il devait y avoir écrit « vivarium » ici, sur cette porte, m’exclamai-je.
  • Comment vous devinez cela ?
  • Je vous l’ai dit, je suis de la police.
  • Alors Bravo !
  • Merci.

Le gamin ne m’avait pas menti. Il s’agissait bien d’arbres. Du moins, de plantes transformées en arbres. Je n’y connais toujours pas grand-chose, mais je puis confirmer que c’était un spectacle imposant, voir même terrifiant par divers endroits. Et déjà, dans la première allée empruntée.

Un gigantesque "pyracantha" trônait au milieu de la serre. Autour, une multitude d’orties douteuses dépassant les bien 2.50 mètres. Derrière, un énorme "dendrocnide moroides" fort urticant.

Vous pouvez me croire, lecteur, un environnement ostensiblement lugubre autant qu’aranéeux. Et avec les odeurs, en supplément. Bien entendu, chaque espèce offrait son identité à son pied – sinon, je n’aurais pu les nommer de la sorte. Je revins sur l’entrée par une autre allée parallèle aussitôt verdie par un surprenant yucca, d’une telle hauteur que je ne pouvais l’estimer. À ses côtés, la magnifique rondeur d’un "echinocactus grusonii " outrageusement vivace. Un peu plus loin, une "dionée attrape-mouche", surdimensionnée et dominée par sa corolle vermillon : un double croissant symétrique de plus de 70 cm de long. À son bas, l’étincelante étoile d’une "leuchtenbergia principis", encore de proportions marginales.  À mon humble avis, un trésor de verdure et de floraison, une œuvre phytosanitaire incontestable. Me relevant de l’observation de cette dernière espèce, mon bras gauche fut violemment agressé par je ne sais quoi dans un premier temps. Un étau m’enserrant et voulant me tracter vers lui.  Je dû user d’une certaine violence à mon tour afin de me libérer de cette emprise. Aussi, très rapidement, le second temps identifia la nature cette brutalité. Le double croissant de la dionée qui, à présent, reculait en sa tige. Je démasquais là mon assassin : une horrible et dénaturée plante carnivore !

Une géante saloperie venant de tenter de m’absorber, comme elle avait sans aucun doute absorbé la tête du gosse. De toute évidence, il s’agissait alors d’un accident.  Une option située à des années lumières de mes raisonnements .Sans aide, il avait suffoqué à l’intérieur de cette corolle épineuse (ce qui explique les griffures du front et du cou). Une mort peu sympathique !  Puis, arrivant trop tard, la grand-mère l’avait ici dégagé de cette pince, sans percevoir la nécessité d’en avertir qui que soit.

D’une intolérable apathie, donc.

La crainte qu’on lui réquisitionne ses « animaux », peut-être. Au-delà, devenue totalement piaculaire, la mamie nous décrivit la peine qu’elle rencontra afin de se débarrasser du cadavre.  

 

Laurent Lafargeas, 2009.

 

 

 

 

 

 

 

   

 

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J
Après 5 ans de mariage avec mon mari avec 2 enfants, mon mari a commencé à agir bizarrement et à sortir avec d'autres dames et m'a montré un amour froid, à plusieurs reprises, il menace de me divorcer si j'ose l'interroger sur sa liaison avec d'autres dames, je a été totalement dévasté et confus jusqu'à ce qu'un vieil ami à moi me parle d'un lanceur de sorts sur Internet appelé DR.WEALTHY qui aide les personnes ayant des problèmes de relation et de mariage par les pouvoirs des sorts d'amour, au début, je doutais si une telle chose existe, mais j'ai décidé pour l'essayer, quand je l'ai contacté, il m'a aidé à lancer un sort d'amour et dans les 48 heures mon mari est revenu vers moi et a commencé à s'excuser, maintenant il a cessé de sortir avec d'autres femmes et le sien avec moi pour de bon et pour de vrai . Contactez ce lanceur de sorts d'amour pour résoudre votre problème de relation ou de mariage aujourd'hui via: wealthylovespell@gmail.com ou directement WhatsApp: +2348105150446 DR.WEALTHY
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C
je me nomme corine âgée de 32 ans j'habite dans le 59139 wattignies . J'étais en relation avec mon homme il y a de cela 4 ans et tout allait bien entre nous deux puis à cause d'une autre femme il s'est séparé de moi depuis plus de 5 mois . J'avais pris par tout les moyens pour essayer de le récupéré mais hélas ! je n'ai fais que gaspiller mes sous.Mais par la grâce de dieu l'une de mes amies avait eut ce genre de problème et dont elle a eut satisfaction par le biais d'un ... nommé ishaou au premier abord lorsqu'elle m'avait parlé de ce puissant je croyais que c’était encore rien que des gaspillages et pour cela j'avais des doutes et ne savais m'engager ou pas. Mais au fur des jours vu ma situation elle insiste a ce que j'aille faire au moins la connaissance de ce puissant en question et c'est comme cela que je suis heureuse aujourd'hui en vous parlant.c'est à dire mon homme en question était revenu en une durée de 7jours tout en s'excusant et jusqu'à aujourd'hui et me suggéré a ce qu'on se marie le plus tot possible.je ne me plein même pas et nous nous aimons plus d'avantage. La bonne nouvelle est que actuellement je suis même enceinte de 2 mois. Sincèrement je n'arrive pas a y Croire a mes yeux qu'il existe encore des personnes aussi terrible , sérieux et honnête dans ce monde, et il me la ramené, c'est un miracle. Je ne sais pas de quelle magie il est doté mais tout s'est fait en moins d'une semaines.(pour tous vos petit problème de rupture amoureuses ou de divorce ,maladie ,la chance , les problèmes liés a votre personnes d'une manière, les maux de ventre, problème d'enfants, problème de blocage, attirance clientèle, problème du travail ou d'une autres) Vous pouvez le contacter sur: son adresse émail : maitreishaou@hotmail.com ou appelé le directement sur whatsapp numéro téléphone 00229 97 03 76 69 son site internet: www.grand-maitre-ishaou-13.webself.net
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L
Moi Angélique j'ai beaucoup supplié pour qu'il me vienne en aide,j'avoue ça n'a pas été facile mais finalement il a accepté et j'ai eu son aide,on a même pas fini les travaux quand mon mari m'a appelé pour s'excuser pour tout le mal qu'il a eu a me faire et me demande la réconciliation . <br /> <br /> A la fin de la conversation j'ai coulé des larmes parce-que je m'attendais plus a ce qu'il m’appelle, pour moi je l'ai perdu a jamais et je me suis remis a nouveau avec mon mari depuis 4 mois et l'amour qui nous unis actuellement est trop fort et au jour le jour ça prend d’ampleur. <br /> <br /> Ce Grand Maître ALI , je lui dois beaucoup il a donné une nouvelle tonus a ma vie. Alors si je me permets de raconter tout cela c'est pour vous faire croire qu'il existe encore le vrai.Vous pouvez avoir besoin des services de ce maître pour résoudre vos différents : <br /> <br /> E-mail : alimarabout@live.fr OU ali.marabout@live.fr <br /> <br /> Ligne Directe Du Marabout Ali : 00229 99 31 43 49 <br /> <br /> Je suis heureuse dans ma vie grâce a ce marabout ALI <br /> <br /> Merci
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L
Moi Angélique j'ai beaucoup supplié pour qu'il me vienne en aide,j'avoue ça n'a pas été facile mais finalement il a accepté et j'ai eu son aide,on a même pas fini les travaux quand mon mari m'a appelé pour s'excuser pour tout le mal qu'il a eu a me faire et me demande la réconciliation . <br /> <br /> A la fin de la conversation j'ai coulé des larmes parce-que je m'attendais plus a ce qu'il m’appelle, pour moi je l'ai perdu a jamais et je me suis remis a nouveau avec mon mari depuis 4 mois et l'amour qui nous unis actuellement est trop fort et au jour le jour ça prend d’ampleur. <br /> <br /> Ce Grand Maître ALI , je lui dois beaucoup il a donné une nouvelle tonus a ma vie. Alors si je me permets de raconter tout cela c'est pour vous faire croire qu'il existe encore le vrai.Vous pouvez avoir besoin des services de ce maître pour résoudre vos différents : <br /> <br /> E-mail : alimarabout@live.fr OU ali.marabout@live.fr <br /> <br /> Ligne Directe Du Marabout Ali : 00229 99 31 43 49 <br /> <br /> Je suis heureuse dans ma vie grâce a ce marabout ALI <br /> <br /> Merci
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