Uzerche
"La perle du Limousin"
C'est un véritable joyau orfévré par les siècles, ouvragé par l'Histoire et comme un pendentif précieux sur le corsage de la Corrèze.
Elle apparaît au nid de la vallée, érigée en escalade hardie au sommet de la roche, comme une seule et pourtant multiple forteresse moyenâgeuse, défendue par ces douves naturelles que sont les eaux de la Vézère qui la cernent dans leur boucle d'argent.
Et il est bien naturel qu'en sa vigilante fierté, dans cette garde hautaine où plane encore le souvenir d'ardentes luttes, Uzerche ait passée pour être Uxellodonum qui, si longtemps, résista à César sur les étapes de sa conquête, pour connaître une tragique reddition.
Ainsi plantée, pierre sur pierre, de rue en ruelle, de place en esplanade, elle est un labyrinthe où se confrontent les souvenirs d'un passé glorieux en fleurons d'architecture où les siècles cohabitent dans la beauté. Elle apparaît comme le décor d'une pièce noble pleine du fracas des armes et des soupirs d'une ode amoureuse. On y attend l'entrée du Prince Noir, maléfique dans son armure brunie...
Une captive blonde laisse pendre ses tresses entre les barreaux de fer... Des Sarrazins aux yeux de braise et de pillage rôdent dans sa campagne, et l'on entend, au fond du passé, le pas lourd des légions romaines...
De toutes les cités limousines, Uzerche est peut-être celle qui parle le plus à l'imagination. Il existe encore un charme puissant dans ses ruelles bordées d'anciennes maisons dont la pierre s'est humanisée au point d'exsuder l'âme du passé entre ombre et lumière, rêve et réalité !
Il n'est pas possible de décrire Uzerche en détail, parce que l'énumération et le catalogue de ses attraits architecturaux et naturels lui fait perdre sa magie, qui est d'évocation et de poésie, quel qu'en soient les éléments.
Il faut déchiffrer le livre de pierre de l'Histoire, depuis cette église perchée de Sainte-Eulalie, donnée en cadeau aux moines d'Uzerche par le pieux Robert et sa femme Adélaïde, en 987, jusqu'à l'hôtel de Bécharie, dominant la double vallée de la Vézère.
L'abbatiale Saint-Pierre y domine à la fois sur les siècles et sur la ville. Elle est le monument d'une foi sévère et fervente, avec son clocher octogonal solidement assis sur ses étages et de style roman limousin affirmé, sa crypte rotonde aux piliers massifs qui recéla les reliques de deux saints bretons vénérés et qui conserve comme une obscurité mystique qui dévore la pâle lumière des cierges.
Castels renaissance, maisons des XV et XVI e siècles, aux façades armoriées, manoirs et maisons à clochetons, vieux palais aux tourelles pointues, tilleul de Sully, Pont neuf et pont de Turgot, tourelles de la sénéchaussée, château Pontier aux tourelles en poivrières, tours et balcons d'angle, porches et portes anciennes...
Uzerche serait une ville musée si on n'y retrouvait également partout et comme en filagramme, parallèlement à la vie brillante du clergé et de la noblesse, les témoignages de l'existence quotidienne des artisans, marchands, paysans qui, à leur humble manière, firent eux aussi leur ville et font partie de son passé, comme cette place des vignerons qui fut l'ancien marché aux fruits, comme ces maisonnettes modestes au pied des nobles demeures.
Tout est à découvrir à Uzerche, le noble et le familier, les tours et les châteaux, les terrasses et les jardinets, les remparts et les églises.
Et tout y a cet aspect aimable, sans affectation, archaïque mais vivant qui a fait de tout temps le charme d'Uzerche.
Jean-Luc