François Boucher
À une feuille
D’une solitude profonde et meurtrie,
dans l’ignorance de vos caresses,
lentes, suaves, mais toujours lointaines,
j’ose vous boire autrement,
vous, l’harmonie,
l’écrin de tant de délicatesse.
Comme l’ennui, je rêve sur de maigres enveloppes,
inondées de l’eau insouciante,
parcourant vos membres d’une sainte paresse,
et déversée, limpide,
noyant ces correspondances maladives,
incapable, je vous aime en parfum triomphant.
Une douleur de grève me traverse en de tels orages
que seule, vous, l’amante obscure,
ravive de ses joyaux confus,
piliers de mon cérémonial
et palme d’un azur enfoui.
C’est encore ici, que votre essence de lumière,
ardente sur d’infinis et ventrus désirs,
se dresse, savante et pure,
au réveil de ce marbre laborieux.
Des fraîches et vastes pelouses
que reluisent vos corps,
ceux dont la grâce ne peut s’évanouir,
je veux alors m’en abreuver autant de vos pleurs
que d’une image offerte.
Laurent LAFARGEAS
P30-1981