12 février 1982
Le bonheur tend à renter dans notre pays. Enfin, il veut nous le faire croire.
Nous obtenons une heure de travail en moins ainsi qu'une semaine de congé en plus.
Ici, nous ne pouvons absolument pas dissimuler notre joie. C'est un fait !
Maintenant, ce supplément de loisir ne serait-il pas la tête d'un serpent qui ne saurait tarder à devoir combattre la réplique de l'aigle ?
Pour ce qui est de l'heure, nos entreprises vont certainement pouvoir la diluer à travers le temps, mais pour ce qui est de la semaine, soyons réalistes !
Par définition, le congé payé n'est pas gratuit. Chez nous, la réduction de salaire demeure impossible ; c'est une règle.
Une règle qui va coûter assurément chère sur plusieurs années. Pour certains, un déficit sans conteste à combler au-delà.
C'est cet au-delà qui assombrit notre liesse. À savoir que la logique, disons la rétorque de l'oiseau meurtri, ce sera inévitablement le réajustement du salaire proposé aux embauches à venir. Pour les effectifs de la fonction publique super-financée, l'aubaine ne présente aucun risque. Aussi, pour les bigs trusts, cernés par les syndicats, ils n'auront alors peu de marge de manœuvre, mais du côté PME, PMI, artisans et commerçants, le scénario va immanquablement se produire. Et il s'agit de la majorité de la France vraiment active. Là, une carence du pouvoir d'achat inévitable, à mon humble avis, et, sans conteste, pouvoir encore davantage diminué d'une actuelle inflation qui ne cesse de s'aggraver.
Alors, à défaut de calmer nos futures ardeurs, il conviendrait donc de se méfier des miroirs aux alouettes.
Albert Keyan