Le crépuscule
Toutes existences ont leur crépuscule. Et, il y a des parallèles qui les précipitent.
De l'extérieur, c'est peut-être le pire. Par mille endroits, l'âge nous isole de mille choses, de mille gens ; ces gens pour lesquels notre expérience leur serait utile ; notre dialogue de profitable équilibre.
Antan, ce fut un peu comme cela. Aujourd'hui, le crépuscule devient de plus en plus prompt.
Nos conceptions sont estimées réactionnaires, nos rythmes de vie sclérosés.
Pire, au-delà, nos abus de joie deviennent prohibés, car non suffisamment aseptisés.
À l'intérieur, ça devient tristesse. C'est l'affection de l'autre qui s'estompe de jour en jour. Peu à peu, cette affection accorde sa place à une indifférence camouflée. À peine définie, du reste. Disons le résultat d'un cumule de faibles déceptions augmentant une réciprocité qui déjà s'affirme comme le crépuscule de ce qui parfois nous enflammait un temps.
Pour résumer, la méchanceté de ce crépuscule, c'est de ne plus être ce que nous avons été.
Laurent Lafargeas